C’est à nouveau l’anniversaire du drame national de l’été ۱۹۸۸, et cette fois-ci pour la 18ème fois. L’anniversaire non pas d’un jour mais des jours, non pas d’une semaine mais des semaines successives, l’anniversaire de toute une période d’horreur durant laquelle les prisons politiques du pays se sont transformées en bains de sang. En effet, suite à l’ordre donné par le dirigeant de la République islamique d’éradiquer ses opposants politiques, ses exécuteurs assassins sont entrés en scène et ont commencé avec frénésie leur danse macabre pour parvenir à faire tomber par pendaison les têtes fières de plusieurs milliers de prisonniers politiques dans un court délai ! Dans leur folie meurtrière, les gardiens de prisons ont parfois exécuté même ceux qui avaient le droit de vivre selon les verdicts de procès de quelques minutes!
Cette sauvagerie sans précédent et si cruelle fut la conséquence inévitable d’un tel ordre. Maintenant, après dix-huit ans et malgré les efforts infatigables des familles des victimes et les démarches des organismes politiques iraniens et internationaux, on ne connaît toujours pas le nombre exact des victimes. Quatre mille d’entre eux ont été déjà identifiés, mais il reste encore un certain nombre de victimes non identifiées. Après presque deux décennies, la mesure de cet horrible crime historique reste inconnue. Le dossier de ce crime ne doit pas être enregistré seulement au nom du dirigeant de la République islamique à cette époque-là, ni aux noms des exécuteurs de cet ordre, mais au nom de la République islamique en tant que régime et Etat politique. Ce dossier ne concerne pas le passé mais aussi le présent de celle-ci, car la politique officielle pratiquée par le gouvernement iranien est d’étouffer cette catastrophe historique et de continuer à emprisonner et à exécuter les libre- penseurs en procédant différemment. L’évocation de ce drame national, quand bien même de manière allusive, fait partie des lignes à ne pas franchir dans la République islamique. Ce dossier est un dossier national, qui a fait parler de lui dès son ouverture. Il est devenu le plaidoyer des forces démocratiques de l’Iran et du monde.
Cela fait dix ans que ce dossier est ouvert et il restera ouvert jusqu’à ce que ceux qui ont ordonné et exécuté ces massacres soient identifiés et conduits devant la justice. Il restera ouvert jusqu’à ce qu’on apprenne les motivations de ces assassins pour commettre de telles horreurs. Le dicton « Pardonne mais n’oublie pas » ne pourra avoir de sens pour le peuple iranien que quand il n’y aura plus de mystère à oublier ni d’assassins masqués. Jusqu’à ce jour, les forces démocratiques ne cesseront de feuilleter le dossier de ce crime contre l’humanité. Non ! Nous n’oublierons pas ce drame et ne laisserons pas ce dossier tomber dans les oubliettes de l’histoire.
Maintenant, comme à chaque anniversaire, et comme tous les jours de toutes ces années, nous rendons hommage aux victimes des exécutions massives des prisonniers politiques de 1988, cette année de sang et de larmes. Nous prononçons avec respect les noms de nos compagnons, et exprimons notre solidarité avec leurs familles. Nous restons fidèles à notre vieille promesse de célébrer le souvenir des martyrs de ce drame national et de poursuivre nos efforts pour identifier et juger leurs assassins.
Le bureau politique-exécutif de l’Organisation des Fadaïan du peuple d’Iran (Majoritaire)
Septembre 2006