La pression des défenseurs des droits de l’homme et la protestation unanime de l’opposition iranienne contre la présence du juge Saïd Mortazavi à la réunion inaugurale de la Commission des droits de l’homme de l’ONU à Genève, ont fini par faire reculer la République islamique, dont la délégation fut contrainte de regagner Téhéran, tandis que la réunion se déroule encore. Cette délégation a quitté Genève le vendredi 23 juin, alors que le gouvernement canadien a demandé officiellement l’arrestation du juge Saïd Mortazavi, procureur général de la ville de Téhéran. Il était prévu que celui-ci, surnommé « le bourreau de la presse, des journalistes et des écrivains iraniens », prononce un discours lors de cette réunion. Mais devant la colère des institutions internationales, des personnalités politiques, des organismes, et des associations, qui militent pour les droits de l’homme, et compte tenu de la demande officielle d’arrestation de Saïd Mortazavi, déposée par le ministre des affaires étrangères du Canada auprès du gouvernement allemand, celui-ci n’a pas osé faire d’apparition publique plus d’un jour. Et finalement, le gouvernement iranien a rappelé sa délégation, craignant que les manifestations ne prennent de l’ampleur et que Saïd Mortazavi ne soit arrêté à cause de son implication dans la torture et le meurtre de Zahra Kazémi, journaliste et photographe canadienne d’origine iranienne.
Pendant les six dernières années, où Saïd Mortazavi occupait le poste de juge et de procureur général de la ville de Téhéran, il a participé à l’interdiction de dizaines de journaux et de revues et à l’emprisonnement de dizaines de journalistes, de directeurs de journal, d’écrivains, et de Weblogs. Rappelons que Saïd Mortazavi a été promu à ses fonctions actuelles grâce à son « exploit » d’interdire, avec le soutien de Khamenei, une cinquantaine de journaux et de revues à la fois. Depuis cette date, il a arrêté et torturé nombre de journalistes, d’étudiants, d’ouvriers, de femmes et de penseurs qui ont osé critiquer la politique du gouvernement des conservateurs. Parmi les atteintes aux droits de l’homme commises par Mortazavi, et donc par le gouvernement iranien aussi, on peut énumérer :
– La répression des manifestations des ouvriers
– Le refus de la libération de Mansour Ossanlou
– L’attaque contre la manifestation pacifique des femmes du 12 juin 06, et l’arrestation des manifestants
– L’arrestation, le 12 juin 2006, de Moussavi Khouiniha, Directeur général du bureau de consolidation d’unité des étudiants
– L’arrestation de Esmaïl Jamshidi, journaliste et membre actif du Cercle des écrivains iraniens.
La réunion inaugurale de la Commission des droits de l’homme de l’ONU continue toujours, et la République Islamique a une fois de plus échoué dans sa tentative honteuse de compter parmi les pays y participant. Cette réunion est une occasion pour tous les épris de liberté à porter à la connaissance de l’opinion publique mondiale les cas de violations des droits de l’homme en Iran. C’est aussi une occasion pour eux d’alerter celle-ci sur l’éventualité d’un marchandage sur la question des droits de l’homme en Iran, et de demander à l’ONU de nommer un envoyé spécial pour le contrôle du respect des droits de l’homme en Iran et la libération des prisonniers politiques. L’ONU soutiendra ainsi le combat des Iraniens contre ce régime despote et pour la démocratie.
Le bureau politique et exécutif de l’Organisation des Fadaïan du peuple d’Iran
Samedi 24 juin 2006